• Il court il court le furet...

    Elle courait à en perdre haleine, les feuilles de chênes, les branches de sapins, les ronces au bord du chemin, tour à tour lui fouettaient le visage, brimaient ses hanches ou saignaient ses jambes. Le vent faisait virevolté ses cheveux, la sueur perlait à ses tempes, cette transpiration froide, signe de peur.

    Elle finit par s'arrêter, la nuit tombant, dans une clairière traversée d'un ruisseau. Epuisée, n'en pouvant plus, elle s'assit près de l'eau, et tenta de boire à grandes gorgées. Une fois de plus, l'eau glissait, s'échappait entre ses doigts, tombait sur son corsage défait, mais jamais ne parvenait dans sa bouche. Désespérée, elle jeta, tout entier son visage dans le ruisseau, ouvrant la bouche et aspirant fiévreusement le précieux liquide ; rien n'y fit. L'eau se dérobait toujours à sa soif, évitait son visage et continuait lentement, insolemment de s'écouler.
    Tremblante, n'arrivant plus à respirer, sa gorge sèche la faisait souffrir ; néanmoins elle hurla :
    « _Pourquoi ? Pourquoi tu m'as fait ça ? Mais dis le moi ! Elle pleurait maintenant. »
    Perdue dans le brouillard de ses larmes, sa robe blanche en lambeaux, elle ne le vit pas venir :
    « _On dirait que tu en as assez d'avoir soif ? Lui dit-il dans un sourire.
    _ S'il te plait, retire ton maléfice. Sa voix était devenue rauque et caverneuse.
    _ Deviens mienne alors.
    _ Jamais ! Cria-t-elle a nouveau. »
    Rassemblant ses dernières forces, elle repartie de plus belle. Galopant comme si elle fut pourchassée par une meute de loups. Au fur et à mesure de sa course, elle se sentait de plus en plus mal, le manque d'eau commençait à se faire sentir, le courant d'air dans sa trachée lui écorchait gorge et bouche. Soudain, au sortir des fourrées, la terre s'arrêta, tombant à pic dans la mer. Surprise, elle arriva tout juste à s'arrêter. Essoufflée, elle se retourna, il était toujours là, regardant avec une envie à peine contenue ses seins humides de sueur, sa robe déchirée qui laissait entrevoir ses cuisses.
    « _Tu n'as qu'un mot à dire, et ni l'eau, ni le vin ne tenteront plus d'échapper à ta soif. Je serai un mari aimant, je te couvrirai d'offrandes, mes cerfs seront les tiens, je te laisserai même un amant si tu n'es pas satisfaite de moi. Arrêtes de te faire souffrir ainsi, ton père en serait très courroucé et pourrait compromettre ce mariage si bien arrangé. Et si tu imagines que dès le premier soir je me presserai d'aller t'engrosser et bien sois rassurée, je te laisserai le temps, je m'occuperai de toi selon tes désirs, et quand tu le voudras. »
    Il avait dit tout cela sur un ton très doux, malgré qu'il fut à plusieurs pas d'elle, quand il lui parlait, elle sentait son souffle à son oreille, comme s'il eut été à ses côtés. L'eau, elle rêvait de pouvoir en boire à nouveau, elle ne souhaitait plus que ça. Les quatre jours de torture la pesait, elle savait qu'il ne se lasserait pas avant d'avoir ce qu'il veut ; elle se résigna avec angoisse :
    « _J'accepte. »


  • Commentaires

    1
    Kat
    Lundi 23 Avril 2007 à 21:49
    Choquée...
    ..Par ta façon d'écrire J'adore !!!! Une autre, une autre ! Espèce de fausse S xD
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